W. : Comment choisissez-vous les étalons que vous utilisez avec vos juments ?

D.B. : Tout d’abord, aujourd’hui, je mets au maximum une ou deux juments aux étalons de la maison car je veux conserver une certaine diversité. J’ai de plus en plus de mal à utiliser Panama et Old Chap à cause de la consanguinité. A mon sens, il ne faut pas tomber dans le piège d’utiliser uniquement ses propres étalons.

Je ne fais pas un croisement en fonction d’un courant de sang particulier, mais plutôt de ce que j’ai pu voir en concours. J’utilise par exemple cette année Urano de Cartigny que j’avais déjà vu l’an dernier et qui est un cheval énergique, moderne, qui se donne. Nous essayons de bien suivre les étalons que nous utilisons. En effet, les défauts des étalons performers à haut niveau ont parfois été gommés par le travail, mais en élevage, les défauts se transmettent plus souvent que les qualités. Lorsque l’on n’a pas vu un cheval dans ses jeunes années, on peut avoir des surprises.

Je choisis un étalon qui entre dans le créneau du haut niveau, ce que cherchent les gens. Je ne regarde pas que le coup de saut, mais aussi la souplesse, l’équilibre et le galop. Je cherche des chevaux modernes que j’ai pu voir évoluer en compétition. J’ai l’avantage d’une part d’avoir monté en concours jusqu’au niveau Grand Prix et d’autre part, en m’étant déplacé dans les concours cinq étoiles avec Old Chap, ce qui m’a permis de savoir quel type de chevaux il fallait rechercher pour le sport moderne.

J’ai été l’un des premiers éleveurs français à aller aux étalons étrangers, que j’ai utilisé en les ayant vus sur performances, mais j’ai parfois eu des surprises. Le même croisement trois ans de suite m’a parfois donné trois résultats complètement différents.

Le plus important pour moi est d’avoir de bonnes juments dans le sang. A mon sens les mères sont plus importantes que le père. Je pars de la jument pour choisir l’étalon. En pratique je mets sur un cahier une liste de juments et en face de chaque jument deux à cinq étalons qui pourraient correspondre, puis je fais mon choix dans cette liste. 

Beaucoup d’éleveurs actuels fonctionnent au catalogue, à la rumeur, et ils ont un côté sentimental avec les juments que j’essaye de ne pas avoir. D’autre part, je ne fais pas les croisements pour vendre foal comme c’est le cas dans certains élevages.

Enfin, selon moi, peu importe qu’un étalon ait du sang français ou étranger, il faut un cheval moderne. Les acheteurs,  mis à part quelques étalonniers étrangers qui souhaitent du 100% Français, cherchent avant tout un bon cheval de sport, ils ne regardent pas ça.

W. : Vous accordez beaucoup d’importance à la génétique femelle, pouvez-vous nous en parler ?

D.B : Comme je le disais précédemment, le rôle des mères est pour nous plus important que celui des pères. Nous pensons avancer dans la génétique femelle avec des juments dans le sang, modernes et qui ont du jarret. Je fais confiance à ma jeune génétique en gardant les meilleures pouliches de chaque génération que j’essaye de croiser au mieux. Je n’achète pas de pouliches car je préfère travailler avec des souches que je connais.

Lorsque j’ai débuté cette politique, l’année des « O », j’avais testé des 2 et 3 ans en liberté que j’ai fait saillir à trois ans. Au plus, je faisais faire une année de compétition à ces pouliches.

Aujourd’hui, mes meilleures pouliches font du sport et je fais un peu de transfert d’embryon avec mes propres porteuses. Je ne fais du transfert qu’avec les juments qui seront de bonnes juments de concours, qu’elles sautent 1,40m ou 1,60m.

W. : Quels sont les espoirs de l’élevage ?

D.B : Tibet Tame, Up And Down Tame et Volga Tame sont nos espoirs actuels. Tibet a une tonicité rare, très armé avec une bonne poussée de jarrets, mais il faut encore canaliser sa sensibilité.

Up And Down, qui est une fille de Parenthese et Made In Semilly, montre un gros potentiel, ainsi que Volga (L’Arc de Triomphe x Richebourg), qui descend de la même souche qu’Old Chap.

Les très jeunes deux et trois ans semblent prometteurs mais la route est longue et nous devons rester modestes, l’avenir nous dira si nous avons eu raison.

Photo : Tibet Tame et Denis Brohier - Collection privée

 

Les poulinières de Denis Brohier

Kassave (French Cancan et Odyssee III par Hadj A aa), mère de Panama et Quebec Tame, suitée d’un mâle de Qlassic Bois Margot et, par transfert d’embryon, d’une femelle de Qlassic Bois Margot, saillie par Contendro I.

Linsolite (Quidam de Revel et Calypso du Mont par Laudanum ps), suitée d’une femelle de Tibet Tame, saillie par Tibet Tame.

Ottawa Tame (Richebourg et Dictee par Galoubet A), fille de Dictee, bonne gagnante en CSI avec Florian Angot. Suitée d’une femelle de L’Arc de Triomphe, saillie par For Pleasure.

Quastille Tame (Quidam de Revel et Enviee par Thoas du Theillet), sœur utérine de Parenthese Tame, très bonne gagnante internationale avec Reynald Angot et de Nausica Tame, très bonne gagnante en CSI sous couleurs allemandes. Suitée d’un mâle de Quartz du Chanu, saillie par Zirocco Blue VDL.

Quilotta Tame (Quick Star et Niki Tame par Quidam de Revel), lignée maternelle d’Australe, très bon gagnant en CSI avec Blandine Roux. Suitée d’un mâle d’Old Chap Tame, saillie par Tornesch.

Shannon Tame (Balou du Rouet et Kassave par French Cancan), suitée d’une femelle de Quartz du Chanu, saillie par Old Chap Tame.

Tame Tame (Quaprice Bois Margot et Calypso du Mont par Laudanum ps), lignée maternelle de Panama et Quebec Tame. Suitée d’un mâle de Qlassic Bois Margot, saillie par Quorioso Pre Noir.

Taquine Tame (Helios de la Cour II et Fine Bouche par Lieu de Rampan), tante d’Old Chap Tame. Suitée d’un mâle d’Urlevent du Bary, saillie par Armitages Boy.

Thess Tame (Quaprice Bois Margot et Nausica Tame par Flipper d’Elle), fille de Nausica Tame, très bonne gagnante en CSI sous couleurs allemandes. Suitée d’un mâle de Chacco Rouge, saillie par Armitages Boy.

Touch of Tame (Portofino 46 et Dictee par Galoubet A), fille de Dictee, bonne gagnante en CSI avec Florian Angot. Suitée d’une femelle de President, saillie par Chacco Rouge.

Ultra Tame (Richebourg et Dictee par Galoubet A), fille de Dictee, bonne gagnante en CSI avec Florian Angot. Saillie par Kannan.

Urbane Tame (Verdi et Kocahine par Narcos II), lignée maternelle de Panama et Quebec Tame. Saillie par Contendro I.

Valbone Tame (L’Arc de Triomphe et Iberia de Tam par Cabdula du Tillard), nièce de l’étalon Tibet Tame. Saillie par Panama Tame.

Bergame Tame (Carusso LS et Kassave par French Cancan), sœur utérine de Panama et Quebec Tame. Saillie par Old Chap Tame.

En transfert d’embryon :

Unesca Tame (Panama Tame et Iberia de Tam par Cabdula du Tillard), en compétition avec Stéphane Dufour. Suitée de Messire Ardent par transfert d’embryon, saillie par Padock du Plessis

Volga Tame (L’Arc de Triomphe et Ottawa Tame par Richebourg), cycle classique 5 ans avec Stéphane Dufour. Saillie par Urano de Cartigny.

Aquila Tame (Allegreto et Quebella Tame par Carthago), cycle classique 4 ans. Saillie par Padock du Plessis.

Boetie Tame (Panama Tame et Dictee par Galoubet A), saillie par Quadrio Tame.

Bora Tame (Panama Tame et Ottawa Tame par Richebourg), saillie par Quadrio Tame.

Borghese Tame (Panama Tame et Fine Bouche par Lieu de Rampan), saillie par Quadrio Tame.

Photos : en haut, Denis Brohier et ses poulinières. En bas, Quastille Tame, ici suitée d'un poulain de Conrad, fait partie de l'effectif des poulinières de Denis Brohier - Collection privée