Auteur d’une formidable saison 2020, Julien Epaillard a signé une nouvelle victoire de prestige en s’imposant dans le Grand Prix CSI4* de Saint-Lô. Juliette Faligot et Nina Mallevaey ont complété le podium.

En cette année compliquée pour les organisateurs de concours, l’équipe de Saint-Lô a tenu bon, se parant même pour la première fois d’une quatrième étoile. Dimanche après-midi, à l’occasion du Grand Prix, Jean-Paul Lepetit a tracé un parcours gros et délicat. Les verticaux 7 et 9, tous deux à 1,60m, ont fait leur travail, alors que le vertical blanc de milieu de triple et la dernière ligne composée d’une palanque, d’un oxer sur bidet et d’un vertical blanc à 1,60m ont privé de barrage un grand nombre de concurrents. Très attendu, le numéro un mondial Steve Guerdat n’a pas pu s’inviter pour la lutte finale à cause d’une petite faute sur le vertical numéro 7 avec Maddox (Cohiba x Maraton), alors que Scott Brash, en selle sur le local Hello Vincent (ex Coquin de Coquerie Z)  (Consul Dl Vie Z x Fergar Mail) a vu ses espoirs s’évanouir sur la palanque. Déception pour Marc Dilasser qui a fait chuter l’ultime obstacle en compagnie d’Arioto (Diamant de Semilly x Qualisco III) à l’issue d’un parcours très maîtrisé.

Il a fallu attendre le vingt-deuxième parcours pour assister au premier sans-faute, signé par Mark McAuley et Jasco Vd Bisschop  (Dulf Van den Bisschop x Krunch de Breve), immédiatement imité par la Tricolore Juliette Faligot, en selle sur la formidable Arqana de Riverland (Cornet Obolensky x Diamant de Semilly). Au total sept couples se sont hissés au barrage, dont cinq pour la France.

Premier à s’élancer, McAuley a cette fois laissé une barre à terre sur la sortie du double après avoir tenté l’option courte pour l’aborder. Derrière lui, Juliette Faligot a signé un superbe barrage dans un chronomètre très rapide de 40’22 en préférant l’option longue. La jeune Nina Mallevaey, en selle sur le puissant Virtuose Champeix (Rubins des Bruyeres x Avec Espoir), ancienne monture de son coach Julien Epaillard, a elle aussi pris des risques en tournant devant pour le double mais a finalement dû s’avouer vaincue. Juste derrière elle, le Suédois Henrik von Eckermann, associé au fantastique King Edward (Edward 28 x Feo), vu au plus haut niveau sous la selle de sa compagne Janika Sprunger, a dû prendre l’option longue suite à un incroyable saut de sa monture sur l’oxer précédant le double, terminant à plus d’une seconde de la leader au classement provisoire. Après un parcours à quatre points sur l’ultime obstacle de Laurent Goffinet et Atome des Etisses (Mylord Carthago x Quidam de Revel), Julien Epaillard, grand favori de ce barrage, s’est élancé devant son public. Associé à Queeletta (Quality x Landor S), le couple gagnant du Grand Prix de Bordeaux s’est montré très à l’aise, réalisant un barrage fluide et ultra-rapide dans un chronomètre de 39’14, soit plus d’une seconde de moins que le précédent leader.

Dernière concurrente du barrage, Alexandra Francart, associée à la prometteuse Betty du Prieure (Doremi x Chellano Z), sans-faute dans les trois épreuves majeures du week-end, a choisi de ne pas prendre tous les risques pour s’assurer un top cinq. Une faute sur l’ultime obstacle l’a finalement fait reculer à la 7ème place finale, laissant le couple gagnant du Grand Prix de Bordeaux remettre le couvert à Saint-Lô : « Je suis ravi. C’est la première fois que je gagne ici en indoor, j’ai gagné à Saint-Lô en extérieur mais jamais à l’intérieur. Gagner cette année avec une étoile en plus et devant mon public c’est une belle victoire. On a peu de 4* cette année donc gagner un Grand Prix 4* c’est super. Le parcours demandait beaucoup de précision, surtout la fin du parcours. C’était assez aéré en début de parcours et à partir du vertical avant le triple les choses se corsaient. La dernière ligne était vraiment délicate. Avec un peu de fatigue après le triple, ça revenait tout de suite avec la palanque et un angle délicat pour aborder l’oxer sur bidet. Le parcours était très fin. Je sais que Jean-Paul Lepetit n’avait pas l’unanimité avant le concours, certains cavaliers avaient peur de lui. Je dois dire que je le côtoie depuis ma tendre enfance et que je connais ses petits pièges. J’avais mis une ligne oxer-double de droits à la maison avant de venir ainsi qu’un triple oxer-vertical-oxer alors que pourtant nous n’avions pas parlé ensemble ! Il y a un nouveau matériel avec lequel Jean-Paul a dû se familiariser. Les premiers jours j’ai vu qu’il faisait de petits tests. C’était un parcours vraiment sympa à monter, il fallait rester lucide jusqu’au bout, essayer de gagner du temps au début pour pouvoir prendre son temps à la fin. On a vu de petites fautes un peu partout mais pas de mauvaises fautes et le nombre idéal de parcours sans-faute pour avoir un bon barrage.

J’ai vu le barrage de Juliette ainsi que celui de Nina qui était moins rapide en étant passée devant. Je me suis un peu posé la question de passer devant ou derrière. J’ai vu que Juliette avait fait huit foulées sur l’oxer rouge au fond donc j’ai essayé d’enlever une foulée à cet endroit. J’ai décidé de passer devant mais finalement il n’y a qu’une petite seconde d’écart. Je crois que le secret c’était de vraiment bien tourner après l’oxer si on passait devant, malheureusement certains n’ont pas pu bien le faire et à ce moment là ont perdu du temps. Je passais en avant-dernier, j’avais pas mal d’informations et mon tracé en tête. Je suis galant mais il y a des limites ! », confiait le vainqueur.

De son côté, Juliette Faligot ne pouvait que se satisfaire de son premier podium dans un Grand Prix CSI4* : « A la reconnaissance j’ai trouvé que le parcours était haut et difficile. A quasiment la moitié de l’épreuve il n’y avait pas de parcours sans-faute.  Ma jument a tout donné. Ce n’est que son troisième Grand Prix CSI4*, c’est encore un peu la découverte à ce niveau-là. J’ai tout tenté au barrage. La jument est tellement incroyable, respectueuse et intelligente que je ne me suis pas trop posée de questions. J’ai vu le premier barragiste passer devant pour le double et je me suis dit que j’allais faire comme lui mais elle a envoyé le dos sur l’oxer avant le virage et quand j’ai réceptionné j’ai vu que je devrais passer derrière. J’ai récupéré Arqana dans l’hiver de six à sept ans. Elle appartenait à Carole et Marius Huchin du Haras des Princes. Elle n’avait rien fait à 6 ans donc on a commencé sur de petites épreuves et elle a rattrapé son retard jusqu’à aller à Fontainebleau pour la finale des 7 ans où elle a terminé 4ème. Je n’ai jamais voulu aller trop vite avec elle mais elle s’est toujours donnée à 2000% dans ce qu’elle a fait. Je vais aller à Lier dans quinze jours et j’irai ensuite normalement à Vejer de la Frontera fin novembre. », racontait-elle.

Premier podium en CSI4* également pour la jeune Nina Mallevaey, élève du vainqueur : « Je ne réalise pas encore trop ma performance. Je suis très contente d’avoir fait ce Grand Prix et d’avoir réussi un double sans-faute. Je dois ce résultat à l’écurie Chev’el et à toute l ‘équipe qu’il y a autour de moi, ainsi qu’à Julien Epaillard qui m’aide énormément avec Virtuose. Virtuose est un super cheval, très attachant avec un caractère en or. Il donne toujours tout pour son cavalier. Il est vraiment guerrier, je sais que quand je rentre en piste il va toujours tout donner pour moi, aller derrière l’obstacle, il est super ! Pour moi, la principale difficulté aujourd’hui était la palanque car ce n’est pas l’obstacle qu’il saute le mieux. Nous allons avoir une semaine de pause puis je vais participer avec d’autres chevaux au CSI d’Oliva pendant deux semaines. », expliquait la jeune amazone.

Photo : Julien Epaillard et Queeletta, vainqueurs du Grand Prix CSI4* de Saint-Lô - Webstallions