Quel champion ! Alors que Martin Fuchs semblait bien parti pour remporter son troisième succès d’affilée dans le Grand Prix de Genève, McLain Ward a réalisé un incroyable barrage qui lui a donné la victoire. Shane Sweetnam, associé à l’exceptionnel James Kann Cruz, a pris la troisième place.

Epoustouflant, incroyable, mémorable… les superlatifs ne manquent pas pour exprimer ce que nous avons vécu hier après-midi au CHI de Genève !

Les tribunes étaient combles et le public a profité d’un sport exceptionnel. Quarante cavaliers, qui s’étaient qualifiés tout au long du week-end, se sont élancés à l’assaut du parcours tracé par Gérard Lachat. Gros, technique, long (quatorze obstacles pour dix-huit efforts), il semblait poser de nombreuses difficultés, que ce soit le milieu du triple Rolex placé en numéro 4, le double de bidets ou encore la dernière ligne avec un double de verticaux particulièrement délicat. Toutefois, le niveau des couples était tellement élevé que treize d’entre eux ont trouvé la clé.

Daniel Deusser (6ème), qui pouvait empocher un bonus conséquent en cas de victoire suite à son succès à Calgary, a signé le premier double sans-faute avec Tobago Z (Tangelo van de Zuuthoeve x Mr Blue), avec un bon tracé, sans sembler prendre tous les risques. Si ni André Thieme (9ème), associé à la phénoménale Chakaria (Chap x Askari), ni le Danois Andreas Schou (8ème), en selle sur Darc de Lux (Darco x Contender), également auteurs de bons parcours sans-faute n’ont fait mieux, l’Allemand a rapidement été battu par Simon Delestre et le génial Cayman Jolly Jumper (Hickstead x Quaprice Bois Margot), qui gagne en maniabilité parcours après parcours et pourrait bien être un pilier des Bleus pour les Jeux Olympiques de Paris tant sa régularité est impressionnante.

Jeune promesse des sports équestres belges, Gilles Thomas ne s’est pas laissé impressionner par l’enjeu et a réalisé un magnifique barrage avec Calleryama (Casall x Contender), qui a abaissé le temps du Français de près de deux secondes. Il semblait difficile à rattraper mais le niveau est encore monté d’un cran avec le passage de Shane Sweetnam et de son phénoménal James Kann Cruz (Kannan x Cruising). Puissant, respectueux avec un mental formidable, le gris a franchi toutes les difficultés avec aisance et a devancé le couple belge de quatre dixièmes.

Peu avant le Grand Prix, Martin Fuchs a rendu un hommage émouvant à son fidèle partenaire Clooney 51 qui faisait ses adieux officiels à la compétition, un an et demi après la grave blessure qui a bien failli lui coûter la vie. Le Suisse a réussi à se reconcentrer sur le sport et s’est qualifié pour le barrage avec son crack Leone Jei (Baltic VDL x Corland). Transcendé par un public tout acquis à sa cause, Fuchs a signé un barrage incroyable, profitant de la grande amplitude de galop de sa monture pour enlever des foulées dans toutes les lignes, abaissant le chronomètre de référence de près d’une seconde ! Seul McLain Ward pouvait alors l’empêcher de réaliser le triplé historique qui lui était promis. L’Américain, en selle sur une Azur (Thunder van de Zuuthoeve x Sir Lui) des grands jours, est parvenu, là où son adversaire avait pêché, à réaliser un demi-tour incroyable sur l’oxer numéro trois puis à conserver son avance tout au long d’un barrage d’anthologie. Malgré une frayeur sur l’ultime obstacle où le public a pensé que sa jument n’allait pas décoller, il a devancé son adversaire de près d’une seconde et demie pour s’adjuger une victoire remplie d’émotion :

« Pour nous tous, des événements comme Genève, Aix-la-Chapelle ou encore Calgary sont des objectifs. Ce sont des concours dont j’ai toujours rêvé. Je suis venu pour la première fois à ce concours il y a une trentaine d’années et c’est un rêve de gagner aujourd’hui. Azur est une jument qui appartient à la famille Harrison dont Hunter, qui était mon mentor, n’est plus parmi nous aujourd’hui, et à François Mathy qui est comme un père pour moi. Je pensais l’an dernier que la carrière de la jument touchait à sa fin car je ne la sentais pas très en forme mais elle est revenue cette année, elle se sent très bien. Elle a sauté sept Grands Prix 5* dont trois du Grand Slam et a été sans-faute dans les sept, avec une fois un point de temps dépassé de ma faute. J’étais très ému, je voulais gagner et c’est un grand jour pour moi. Je savais que pour gagner je n’avais pas tellement d’autre choix que d’aller très vite. Je devais faire sept foulées dans la première ligne alors que j’avais marché huit foulées très longues, le demi-tour était difficile mais j’ai réussi à bien le faire, puis six et sept mais je n’ai pas réussi à faire les sept sur le vertical car elle était un peu trop à l’extérieur. Du coup j’ai dû prendre un gros risque sur le double. Je savais qu’ensuite je devais faire huit foulées sur le vertical et huit sur le dernier mais les huit foulées sur le vertical étaient tellement de travers que la jument a twisté. Je voulais absolument faire les huit sur le dernier et je me suis dit que je ne pouvais pas me dégonfler et tirer mais plus je poussais plus elle se freinait. Encore une fois je ne voulais pas me dégonfler mais elle l’a un peu fait pour moi mais a réussi je ne sais pas comment à sauter l’obstacle. Quand j’ai réalisé qu’il tenait toujours debout j’étais en choc. Suite à cette victoire, je vais essayer de venir à ‘s-Hertogenbosch et d'y être performant. », confiait le vainqueur.

Martin Fuchs, passé à deux doigts d’un résultat historique, restait très heureux de son après-midi: « C’était une journée pleine d’émotion. Les adieux de Clooney étaient la chose la plus importante pour moi cette semaine mais une fois que cela s’est terminé j’étais vraiment concentré pour ce Grand Prix. Je savais que Leone Jei sautait très bien sur cette piste et le parcours nous convenait bien. J’étais vraiment motivé pour faire deux parcours sans-faute et essayer de gagner mais McLain avait une autre idée aujourd’hui (rires)... Leone Jei était extrêmement respectueux au barrage et j’ai dû un peu l’aider sur les oxers et notamment sur le double car j’ai tourné très court et j’ai eu une distance un peu trop près. », expliquait le Suisse.

Shane Sweetnam à quant à lui rendu hommage à son incroyable monture James Kann Cruz : « J’ai énormément de chance de monter James Kann Cruz. C’est un cheval irlandais que je monte depuis l’année dernière. Depuis que je l’ai, nous avons une superbe entente. Je suis venu ici car c’est un concours incroyable avec de grands cavaliers et d’excellents chevaux et j’avais vraiment le sentiment qu’avec ce cheval j’avais une carte à jouer. Au barrage j’ai essayé d’aller le plus vite possible mais les deux premiers étaient un cran au-dessus au niveau du chronomètre. James Kann Cruz va avoir une pause. Il a fait une saison incroyable, je n’en ai pas trop fait, j’ai essayé d’être patient. Il ne devrait pas refaire de gros concours avant le mois de février. », racontait le cavalier irlandais.

Outsider du barrage mais brillant en début de semaine, Elian Baumann s’est classé 7ème pour le premier Grand Prix CSI5* de sa monture Little Lumpi E (Lordanos x Polydor)

Deuxième Français qualifié, Kevin Staut, en selle sur Viking d’la Rousserie (Quaprice Bois Margot x Apache d’Adriers) a laissé deux barres à terre et pris la 13ème place finale.

Résultats complets du Grand Prix de Genève

Photo : McLain Ward et Azur, vainqueurs du Grand Prix de Genève – Crédit photo : Claire Simler